
Aujourd’hui, j’écris pour vous sensibiliser à une réalité qui est mienne depuis maintenant 8 ans, celle d’handicapée. Avant que je sois diagnostiquée de la SLA, je m’attardais peu aux contraintes vécues par les personnes en fauteuil roulant. Il faut vraiment être dedans pour mesurer l’ampleur des obstacles qui rendent impossible la pleine accessibilité. L’accessibilité est un facteur premier d’autonomie, d’inclusion et de participation sociale. En effet, sans l’application des principes de l’accessibilité, il devient difficile, voire impossible pour nous d’accéder aux bâtiments de services (dentiste, notaire, clinique médicale, coiffeur, etc..) ainsi qu’aux différents commerces.
Mon fauteuil roulant est une extension de mon corps.
Il m’offre la mobilité, si précieuse dans ma condition. L’environnement hors de la maison n’est toutefois pas facile à parcourir. Les endroits prétendument adaptés ne le sont pas toujours. De nombreuses toilettes ne sont pas correctement aménagées en ce qui a trait à l’espace, à la configuration et à l’emplacement. Il m’est arrivé, dans un restaurant d’une chaîne de restauration rapide très connue, d’aller dans l’une de ces salles de bain adaptées et de réaliser que mon fauteuil ne pouvait même pas entrer, le cadre de la porte n’étant pas suffisamment large. Dans les restaurants, très souvent, les tables sont trop basses et ne permettent pas aux appuie-bras du fauteuil roulant de glisser dessous. À d’autres endroits, il manque d’espace entre les tables pour se déplacer en fauteuil motorisé. Parfois, la table est parfaitement accessible, mais les toilettes sont situées au sous-sol, sans ascenseur. Vraisemblablement, les propriétaires de tous les bâtiments ne sont pas dans l’obligation de se conformer aux besoins des personnes vivant avec un handicap.

Le pire quand vient le moment de réserver à l’hôtel est de s’assurer que la chambre dite handicapée répond vraiment à mes besoins. Ainsi, Jocelyn doit absolument téléphoner avant de réserver. Il doit vérifier s’il y a une douche sans seuil (roll-in shower) dans la chambre adaptée ou est-ce un bain? Une chaise de douche est-elle disponible? Quelle est la hauteur du lit? Y a t-il un espace sous le lit permettant aux pattes du lève-personne portable d’être insérées sous le lit? Y a t-il du tapis dans la chambre (peut entraver les équipements à roulettes)? La toilette est-elle plus haute et y a t-il des barres d’appui? Y a-t-il des espaces de stationnement pour handicapés? Y a-t-il une barre de lit disponible?
Tiré de La Presse le 6 avril 2018 :
« Dans la foulée de l’adoption, en 1975, de la Charte des droits et libertés du Québec qui interdisait la discrimination fondée sur le handicap, des mesures visant l’accessibilité des bâtiments ont été inscrites dans le Code de construction. En 1978, la Loi assurant l’exercice des droits des personnes handicapées a été adoptée. Cette loi, qui prévoyait l’adoption d’un règlement pour rendre accessibles des bâtiments construits avant 1976, plaçait le Québec à l’avant-garde en matière d’inclusion des personnes handicapées. Le hic, c’est que 40 ans plus tard, ce règlement n’a toujours pas été adopté. Mais on reste malgré tout très loin de l’accessibilité universelle promise.
Le Code de construction inclut encore aujourd’hui des exceptions qui font en sorte que trop de bâtiments demeurent inaccessibles aux personnes handicapées. Les commerces de moins de 300 mètres carrés ou les bâtiments d’affaires de deux étages et moins font partie de ces exceptions. Malheureusement, au lieu d’adopter les mesures qui s’imposent, le gouvernement laisse aux personnes handicapées le fardeau de porter plainte à la Commission des droits de la personne contre les commerces qui leur sont inaccessibles ».
La situation est, malheureusement, demeurée inchangée depuis la rédaction de cet article. Il nous est arrivé, trop souvent, de nous heurter à des lits trop hauts, de la moquette à poils longs où il était impossible de rouler le lève-personne, à des toilettes inaccessibles, etc. Le meilleur endroit où les lieux sont les mieux adaptés pour les personnes à mobilité réduite est les États-Unis. Le Québec a beaucoup à faire! Effectivement, le Québec accuse des retards importants en matière d’accessibilité. Malgré l’existence de divers règlements et lois, les personnes à mobilité réduite se heurtent quotidiennement à des lieux inaccessibles perpétuant des situations d’exclusion sociale.

La population des personnes à mobilité réduite est pourtant vaste. Au Québec, en 2017, on parlait d’environ 1,053,350 million de personnes, soit près de 16,1 % de la population. Au Canada, on en compte quatre millions. J’ai trop souvent vu des gens se stationner dans des endroits réservés pour personnes à mobilité réduite, sans vignette, qui n’hésitaient pas à me regarder dans les yeux lorsque je les observais. Je rage dans ces moments. Jocelyn n’hésite pas, quant à lui, à leur expliquer qu’il va devoir appeler la police. Ces gens n’ont pas conscience de leur geste. J’échangerais volontiers mon fauteuil contre leurs jambes. Vous savez pourquoi il y a des lignes jaunes à côté des stationnements pour handicapés? Pour permettre d’abaisser la passerelle et permettre la mobilité nécessaire pour que le fauteuil circule librement. Merci de respecter les espaces qui nous sont dédiés.

Les décennies passent et l’inaccessibilité demeure et ce, en dépit des progrès réalisés et des discours politiques vantant une accessibilité universelle. Pourquoi le gouvernement n’en fait-il pas plus pour s’assurer le libre accès aux fauteuils roulants peu importe l’endroit? Pourquoi n’est-il pas plus incisif? Après tout, nous ne sommes pas des citoyens de second ordre et nous payons nos taxes comme tout les gens qui ont leurs deux jambes.
Chantal Lanthier
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Tellement en accord avec le texte.
Doris
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Ma soeur a déjà chicané une dame qui c’était stationné ds une place pour handicapé à la caisse populaire ,mon beau frère ne pouvait plus marcher à cause de la SLA
La dame à dit j’en ai pas pour longtemps
Alors ma soeur c’est stationné en arrière du véhicule de la dame,un camion à klaxonné, il ne pouvait pas passer,ma soeur lui a montré la carte handicapé, le camionneur à levé son pouce
La dame n’était pas contente et c’est fait chicaner par le camionneur
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J’aime ça. Merci d’avoir partagé cette histoire. Bonne journée
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