Certains d’entre vous ont remarqué que je n’avais pas produit ma chronique mensuelle le 01 février. J’ai une bonne raison pour cela. Imaginez qu’à quelques heures de notre départ pour la Floride, est survenu un incident. J’ai cru que s’en était fait de mes vacances. Le cousin de Jocelyn et sa femme étaient venus coucher la veille afin que nous soyons prêts à partir à 4 heures du matin le 21 janvier. Nous avons soupé et avons mis les bagages dans la voiture. Les hommes ont travaillé fort pour réussir à entrer tout le matériel dans le van parce que j’ai besoin d’une quantité astronomique de choses pour répondre à mes besoins. Nous amenons un lit motorisé car en louer un en Floride nous coûte le double de l’achat. Voyager c’est compliqué quand on est hypothéqué comme moi…lol. Au moins, comme le dit si bien mon amour : « C’est pour 10 semaines, ça vaut la peine ».
Vers 21 heures, je signale à Jocelyn que je veux me rendre aux toilettes. Vous savez que je fais encore mes transferts debout à l’aide d’un appareil spécialisé qui s’appelle Hoyer. Ça ressemble à ça :

Jocelyn ajoute une courroie afin que mes genoux restent en place. Sans le savoir, cette courroie est restée prise sous mon fauteuil roulant; probablement par une vis. Jocelyn s’est alors dirigé vers la toilette et j’ai ressenti une vive douleur à ma cheville droite. Jocelyn m’a immédiatement ramenée vers mon fauteuil. La douleur était si intense que j’ai failli m’évanouir. Choc vagal, sueurs et mal de cœur. Je suis dans tous mes états. D’un commun accord, nous décidons d’attendre au lendemain pour intervenir. On avise Sylvie et Laurier que le départ est retardé. Au matin, la douleur est persistante. On décide d’appeler le CLSC car je refuse de me rendre à l’hôpital. Comme je bénéficie des soins à domicile, je sais qu’un médecin est de garde pour les urgences. Le médecin nous rappelle peu de temps après. Elle envoie l’ordonnance directement à la radiographie et me demande de m’y rendre. Le trajet est pénible, la moindre bosse, crevasse me mettent à l’agonie. D’ici 24 heures la ou le radiologue émettra son diagnostic. Le médecin me fait une ordonnance pour gérer ma douleur. Jocelyn peut aller chercher le tout à la pharmacie, Dilaudid, Gravol, Acétaminophène. Le dimanche 22 janvier, Sylvie et Laurier décident de retourner chez eux pendant que nous attendons l’appel du médecin. Elle appelle finalement à 13 heures. Double fracture des os au-dessus de la cheville. Elle souhaite me faire une attelle temporaire jusqu’à ce que je vois l’orthopédiste lundi matin à l’hôpital. Bref, on m’a fait un plâtre en fibre de verre. L’orthopédiste n’avait aucune contre-indication à notre voyage et nous a dit qu’il nous verrait à notre retour. Je ne dois toutefois mettre aucun poids sur ma cheville.
Il a fallu attendre que ma douleur soit tolérable pour envisager le voyage vers la Floride. Il a également fallu convaincre le cousin de Jocelyn et sa femme, qu’ils devaient partir le plus tôt possible pour la Floride. Pas question qu’ils manquent leurs vacances eux aussi. Ils pourraient nous accueillir. Finalement, ils sont partis le mardi 24 janvier.
Jocelyn a appelé en urgence notre ergothérapeute pour lui demander un lève-personne régulier prenant en charge une personne totalement dépendante car je ne pouvais plus me servir du nôtre. Me tenir debout; impossible. La livraison a eu lieu le lendemain à notre grand soulagement. L’engin est imposant. Jocelyn doit l’apprivoiser. Vraisemblablement il n’entrera pas dans le van. Pendant ce temps, ma cheville continue à me faire un mal de chien. Je dois prendre mes médicaments aux 4 heures et faire fi d’une dose n’est nullement envisageable. Si nous souhaitons nous rendre en Floride, nous devons songer à acheter un lève-personne pliable. Mardi le 1 février, je trouve l’appareil. Mon amour appelle pour un complément d’informations et pour demander s’il est disponible. Le lève-personne est dispendieux et se détaille 2000$. Nous avions trop de dépenses investies pour la location de la maison (aucune annulation possible) pour lésiner sur ce montant. On l’achète. Après tout, ce n’est pas comme si ma condition allait s’améliorer.
Maintenant, on doit faire l’essai d’entrer dans le van avec ma jambe en extension. La tentative fut concluante mais non sans peine. Je ne pouvais pas me basculer vers l’arrière. On devait remonter ma jambe pour lui permettre de glisser vers l’avant du véhicule. J’ai réalisé que ma cheville me faisait moins mal lorsque ma jambe était supportée. Mon patenteux m’a conçu, à l’aide d’une vieille planche en plexiglas, un support pour ma jambe. Il l’a greffé en dessous de mon coussin et je peux ainsi étendre ma jambe sans avoir à supporter le poids de mon plâtre. Il est ingénieux. Le voyage sera ardu mais j’en ai vu d’autres.

Nous sommes finalement partis le jeudi 2 février. J’ai eu la diahrée, maux de cœur et inconfort mais on y est arrivé. Mon héros a été vraiment fantastique. Il m’assistait en plus d’assurer la conduite pendant 22 heures. Nous avons mis 3 jours et sommes arrivés samedi le 4 février en soirée. Sylvie et Laurier nous attendaient avec un bon souper. Nous n’aurons passé qu’une seule journée en leur compagnie car Sylvie devait retourner au travail le mercredi. Ils avaient toutefois fait des provisions en nous mijotant des lasagnes, du poulet et leur fameuse sauce à spaghetti. Nous sommes gâtés de partager leur route de vie.

Je dois avouer que cette épreuve m’a ébranlée. J’ai dû puiser dans toutes mes ressources profondes pour sortir de cette impasse. Quand tu es déjà éprouvée par la vie, tu n’as pas besoin d’une couche supplémentaire de malheurs à ajouter à tout ça. J’ai réalisé que je ne gère plus le stress aussi bien qu’auparavant. J’étais déjà épuisée mentalement avec les préparatifs du départ et cet incident est venu puiser mes dernières gouttes d’énergie. Heureusement, je ne peux qu’aller mieux. Jocelyn aussi est épuisé. Oui, nous aurions pu renoncer à mes vacances et rester confortablement chez-nous. Toutefois après 2 ans d’attente, nous tenions vraiment à y aller. Maintenant que j’y suis, je n’ai aucun regret. La famille et les amis peuvent venir. On les attend! Le seul inconvénient est que mes jambes bronzeront inégalement mais ça c’est un détail…lol. Ça fait toujours moins mal sous le soleil.

Chantal Lanthier
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