Ode à la lenteur

Le moins que l’on puisse dire c’est que la pandémie aura mis notre vie sur pause. Elle nous aura également permis d’échapper à la rapidité et à profiter davantage de ce temps qui passe habituellement si rapidement. Elle nous a forcés à ralentir la cadence, prendre le temps de ne rien faire,  à décrocher,  faire une trêve avec le quotidien, lâcher prise, à lever le pied de l’accélérateur. Elle nous force à réévaluer nos priorités et à dégager l’essentiel de nos vies. Bizarrement, cette situation est similaire à celle que j’ai vécue il y a 8 ans quand j’ai appris que j’étais atteinte d’une maladie incurable et dégénérative. Forcée, j’ai dû ralentir la vitesse de ma vie.

Jocelyn, quant à lui, a toujours été comme ça, il est trèèèsss lent! Aucun bon sens. Il peut prendre une heure pour boire son thé. Il dit qu’il « relaxe ».  Il prend excessivement de  temps à se réveiller et à débuter sa journée comme si son système avait son propre chronomètre interne. Il est un éternel lunatique. Une tâche anodine telle que de répondre au téléphone lui prend deux fois plus de temps parce qu’il marche en se disant que les personnes laisseront un message. Il possède une incroyable capacité à se rendormir instantanément. À chaque matin, vers 5 heures, j’enlève mon bi-pap, Jocelyn doit m’aider à le retirer. Aussitôt qu’il touche l’oreiller, il s’endort pendant que moi, j’en ai pour une heure à me ré-endormir. Je crois qu’il est en dormance en permanence. Ceux qui le connaissent bien disent que : « Jocelyn est dans sa zone ». Je dis souvent : « Il y a lent, ben lent, pis Jocelyn ». C’est pas mêlant, quand j’avais la santé je rageais après lui pour qu’il se « déguédine ». 

Nous sommes maintenant au même rythme mais ce n’est pas parce que ça me plait. Si vous saviez comme j’aimerais sortir du confinement de mon fauteuil roulant pour simplement  marcher et ne plus attendre que les autres agissent à ma place.  Avant, j’étais  « Speedy Gonzalez », cette petite souris qui court plus vite que son ombre. Dieu que j’en accomplissais des choses en un journée!

Il a fallu que j’apprenne à contempler le temps qui passe. Surtout à ne plus miser sur ma performance pour grandir. Mon estime de moi en a pris un coup car tout, dans la société actuelle, nous invite à miser sur les performances et l’apparence. Je devais réinviter la lenteur dans un monde où la rapidité fait loi. Il a fallu que je me redéfinisse. Apprendre à profiter, et à ne pas voir le temps qui s’écoule comme une malédiction ou comme une source de culpabilité. Contrainte à la « lenteur », il a fallu que je fasse taire le petit hamster qui roulait sans cesse dans mon cerveau et que je respire….. plus facile à dire qu’à faire! Je devais puiser en moi les ressources nécessaires pour ralentir et pour me centrer dans le moment présent, pour le savourer, pour résister à la course effrénée de mon passé. Je n’avais pas le choix. Je n’étais et ne serai plus jamais la même.

La « lenteur » m’a permis de découvrir, d’accueillir, d’écouter, de penser et d’être. Prendre le temps, et tout un champ de possibles s’ouvre à nous. Être en retrait, nous permet de profiter pleinement de l’instant présent et à repenser nos priorités. Prendre le temps de vivre, savourer les plaisirs simples, renouer avec soi-même. La Slow Life…c’est maintenant ma devise. J’avoue que j’y prends plaisir. Parfois, je rechute et fais des « To do »  listes à mon amour qui s’empresse de me dire : « Oui, oui, demain » …..lol.

Dans le tourbillon du quotidien et avec la pression du « vite fait, bien fait », il peut être difficile de se permettre de ralentir. La pandémie apporte une réflexion intéressante qui démontre qu’il faut apprendre à profiter davantage de la vie, de chaque jour et de chaque moment. J’avoue qu’avec le confinement, je trouve parfois le temps long et j’ai besoin d’être stimulée intellectuellement.  Nous avons tellement besoin des autres dans nos vies. Mes amis et ma famille me manquent. Les spectacles et sorties me manquent. Difficile de faire le plein de stimulations quand la pandémie nous oblige à l’isolement. 

Ça va bien finir par finir!…… Entre-temps, habillons-nous en mou, sortons les chips et procrastinons avec plaisir et sans culpabilité!

Chantal Lanthier

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2 réponses sur « Ode à la lenteur »

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