Apprendre à relativiser

J’ai eu une terrible journée! On le dit souvent. Je me suis fâché avec mon patron, j’ai été pris dans le trafic, j’ai la grippe, la température m’embête, j’ai renversé mon café sur moi, etc. C’est ce qu’on décrit comme terrible alors qu’en réalité, rien de tout cela n’est terrible.

Rien n’équivaut au décès d’un être cher, mort subitement ou l’annonce d’un diagnostic d’une maladie incurable et mortelle. Le sous-sol inondé, l’herbe à puces que nous avons attrapée, se faire arracher une dent ou encore la colère que nous avons piquée en nous laissant un sentiment de rage au coeur nous apparaissent soudainement très futiles. Quand les choses vont vraiment mal, on se met à prier un Dieu qu’on ne prie habituellement pas, on le supplie de ramener les choses à la normale. Tous ces moments où nous nous sommes plaints, nous font alors réfléchir. Aurions-nous préféré savoir à l’avance que la tragédie allait frapper? Cela aurait-il pu nous conscientiser davantage aux différents aspects de la vie? Est-ce qu’on aurait réalisé, qu’avant l’annonce de cette triste nouvelle, nous vivions les plus beaux moments de notre vie, sans réels soucis? Aurions-nous su profiter davantage de ces moments d’avant ?

On a récemment souligné le 25ième anniversaire du génocide rwandais de 1994, qui coûta la vie à au moins 800 000 personnes. Avez-vous lu l’article de La Presse + du 7 avril 2019? On y relate la tragédie qu’a vécu Bavon Kirenga, qui avait 8 ans à l’époque de l’attaque.

« Alors qu’il joue dehors avec des amis, le garçon voit dans le ciel ce qu’il pense être un feu d’artifice, le premier de sa vie. Extatique, il se précipite à l’intérieur de la maison d’un couple d’amis de sa famille pour partager sa joie. La maison dans laquelle se trouvent le garçon et cinq de ses frères et sœurs lorsque la violence éclate est à deux pas de celle de ses parents, mais ces derniers ne peuvent venir les retrouver. La rue est quadrillée par des miliciens assoiffés de sang qui se mettent à tuer à tout va tout en célébrant.

Le père de Bavon et sa femme réussissent après quelques jours, avec l’aide d’un domestique congolais, à rejoindre leurs enfants apeurés. Mais les choses prennent rapidement une tournure dramatique. Des miliciens armés de machettes et de gourdins débarquent dans la maison et réunissent tous les occupants en les insultant copieusement. Les membres de la famille de Bavon et de celle qui les hébergeait sont sommés de s’asseoir en ligne sur le trottoir face à la résidence. Un militaire, qui encadre les miliciens, leur demande de choisir comment ils veulent mourir : tués par sa mitraillette, par une grenade ou à coups de machette ?

Après une discussion surréaliste, les Tutsis terrorisés choisissent la première option, pensant que leur mort sera plus rapide. Et le militaire s’exécute. Bavon est à un bout de la ligne de personnes. Les premiers tués sont à l’autre bout. Le garçon ne comprend pas ce qui se passe. Il regarde avec curiosité les corps qui tombent, dont ceux de ses proches, sans mesurer la gravité des événements. Un mauvais rêve. Ses parents et deux de ses frères et sœurs sont tués sur le coup. Alors que les tirs s’approchent de lui, il prend conscience de la situation et tente une fuite désespérée avant d’être touché. Il reprend brièvement connaissance et voit des miliciens autour de lui. L’un d’eux le pousse nonchalamment du pied pour vérifier qu’il est mort ». Bavon s’en est finalement tiré mais ces événements l’ont marqué à jamais. Ça c’est terrible! Vous serez d’accord avec moi pour reconnaître que nos petits malheurs sont bien banals comparativement à cette tragédie.

Parce que la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille, il est parfois normal d’avoir l’impression que tout va mal. Ce n’est, en fait, pas souvent le cas si l’on analyse objectivement les faits. C’est tout simplement notre perception des choses qui nous joue des vilains tours. Des situations ridicules prennent parfois une ampleur totalement démesurée. Prendre du recul, ne pas alimenter nos pensées négatives et respirer par le nez peut s’avérer être de bonnes solutions quand les catastrophes s’accumulent. Notre façon de voir les choses peut véritablement teinter nos émotions. Même si nous voyons tout en noir, cherchons ce qu’il y a de lumineux autour de nous. Nous pouvons aussi appliquer « la règle des 5 ». Ce qui n’aura plus d’importance dans cinq ans, ce que nous aurons oublié dans cinq ans, ce qui n’aura aucune incidence dans notre vie dans cinq ans, n’y passons pas plus de cinq minutes ! Pas plus de cinq minutes à ruminer, à ressasser, à broyer du noir.

Je ne veux surtout pas me faire moralisatrice en rédigeant cette chronique mais je souhaite simplement mettre en perpective des instants de vie plus pénibles que d’autres. Je ne fais pas de psychologie. Je ne donne pas de leçon ni d’impératif. Je ne le sais pas pour vous mais je me dis souvent « À se comparer, on se console ». Tout est une question de perpective et j’ai cette conviction profonde que tout est relatif dans la vie!

Chantal Lanthier

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8 réponses sur « Apprendre à relativiser »

  1. Allo Chantale,

    Je te remercie pour la manière dont tu as écris mon histoire je confirme que tu n’as rien enlevé ni rajouté. Merci aussi pour la morale derrière ton texte. La raison pour laquelle je partage mon parcours, c’est principalement pour donner de l’espoir et montrer que peu importe l’intensité du mauvais temp, le soleil se lève toujours après. Merci Chantale 🙂

    Maintenant je vis au Qc à Montréal depuis 1994 et j’ai une carrière et une heureuse vie et c’est grâce à l’espoir !

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  2. Merci Chantal de nous partager tes états d’âme. Ce que je retiens à la lecture de tes billets, c’est qu’il faut profiter pleinement de tous nos petits bonheurs quotidiens comme si demain n’existait pas. Ton positivisme est très inspirant et tes messages nous apprennent vraiment à relativiser les situations qui souvent sont hors de notre contrôle.

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  3. cher Chantal, je viens de lire ta chronique elle ne peut plus à point… je suis à l ordi en attendant que la laveuse aie fini son cycle car tout à l heure il m est arrivée un incident mais quand il est arrivé je disais un accident… je n ai pas été assez vite pour me rendre à la toilette alors pour résultat un horrible dégat il y en avait partout et puis on aurait dit que plus je nettoyait plus il y en avait je n étais pas contente apres moi …mais apres ta lecture je peut en rire car tu as bien raison quand on se compare on se console… alors une fois de plus Chantal MERCI de m accompagner dans mes aléas de la vie ..xo

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