Automne, indicateur de l’arrivée du temps froid

 

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Assise tranquillement dans ma cour en sirotant mon cappuccino, je réalise soudainement que certains érables ont commencé à montrer leurs couleurs rougeâtres. Déjà l’automne! « Môsusse!», il me semble que je n’ai pas vu l’été passé. Pourtant, il a fait beau et chaud cette année! C’est pas comme si on en n’avait pas profité. Les bonnes choses passent définitivement trop vite.

Avant que je sois atteinte par la SLA, l’automne était ma saison préférée. Toutes ces couleurs dans les arbres me rendaient joyeuse. La perpective de m’installer confortablement, auprès d’un petit feu de foyer, avec une tasse de café, un bon livre et des gros bas, était le paradis. Sortir du placard les foulards, les doudounes et les gros gilets m’apportait un réconfort certain. C’était le temps des recettes « confort food » dont je me régalais. Je prenais plaisir à popoter de bons potages, des bouillis, des croustades aux pommes et mon fameux bœuf braisé. Comme cuisiner me manque! L’automne signifiait aussi la reprise de la routine quotidienne: début de la nouvelle année scolaire pour ma fille, les lunchs, les téléromans qui reprennent l’affiche, les nouveaux objectifs professionnels, rangement de la roulotte ou des motos, la fin des vacances, la reprise des activités para-scolaires, etc…..

Maintenant, c’est l’été ma saison préférée. Depuis que j’ai la SLA, je n’aime plus le froid et l’humidité. Quand l’automne s’installe, je ne peux m’empêcher de penser que le froid sera là pour les six prochains mois. Jocelyn « fermera » bientôt la cour et je me sentirai prise au piège dans ma demeure. Ça prend une bonne dose de courage aux personnes atteintes de la SLA pour affronter les intempéries de dame nature. Au froid, je deviens un bloc d’acier. Mes muscles deviennent raides, en hyper-extension et je ne peux plus les déplier. Imaginez le scénario! Je ne peux plus manipuler mon fauteuil, on ne peut plus me dévêtir et mes jambes refusent carrément de se déplier pour me permettre d’entrer adéquatement dans la camionnette. C’est une situation pénible…

Mettre manteau, tuque et bottes n’est pas tâche facile pour Jocelyn qui doit m’habiller. Je comprends maintenant les jeunes enfants qui marmonnent lorsqu’on les habillent. Maudit que j’HAIS ça! « J’ai chaud, ça me serre !» Je suis pire qu’un enfant. Pas patiente la madame! Manœuvrer le fauteuil roulant dans la neige n’est pas évident. On compte de nombreux endroits non déneigés où, je ne peux, malheureusement, pas me rendre. Le fauteuil laisse des traces sur mon plancher astiqué et on peut me suivre partout dans la maison, tel le petit poucet. Vous comprendrez donc que je choisis méticuleusement mes sorties lorsqu’il fait froid. Le cocooning devient mon choix premier et ce n’est pas parce que je suis anti-sociale. Vous voulez me voir, venez à la maison! J’hiverne!

Juste de penser à ça, je suis découragée et moi, ça m’en prend pour me décourager. Pour ceux qui me connaissent, j’ai toutefois un plan B. Je compte bien m’évader de l’hiver pour quelques mois. Je pourchasse le soleil, je fuis la grisaille et la gadoue. J’anticipe ce départ avec beaucoup de fébrilité dès que le temps froid se montre le bout du nez. Cela m’aide à tenir le coup et me permet de me projeter dans l’avenir. J’alimente mes pensées de crème solaire, de baignades, de soupers sur terrasse et de gougounes. Ce projet me garde vivante et chasse la morosité de l’automne. Pendant que je planifie l’itinéraire, les bagages, les achats et les activités potentielles que nous ferons au chaud, je ne songe pas à faire des mauvais coups comme le dirait mon amour.

Chantal Lanthier

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10 réponses sur « Automne, indicateur de l’arrivée du temps froid »

  1. Hello amie, c’est une joie de te lire mais aussi de te voir en photo, rayonnante, naturelle, belle comme tu sais l’être. Un peu espiegle. Merci pour ces mots qui décrivent si bien les sentiments et les émotions que nous avons si souvent peine à dire. Tu es une traductrice de l’âme. Bonne soirée. Je t’aime.

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  2. J’aime ça te lire sur une base régulière comme cela. Tes chroniques me font sourire et je m’y reconnais un peu. J’aime aussi beaucoup l’automne et ce sentiment de cooconing. Tes vacances au soleil approchent, tu vas pouvoir retrouver cette chaleur qui te fait tant de bien. À bientôt. Ninon

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