
Aujourd’hui je vous parle des « sickfluencers ». Ce terme provient de la contraction des mots sick (malade) et influenceur. Il désigne des créateurs de contenus qui sensibilisent des gens sur leur maladie ou leur handicap. Je suis une « sickfluenceuse ». J’offre sensibilisation, conseils et de la visibilité à la SLA. J’écris pour témoigner de mon quotidien mais j’y trouve également mon compte en lisant vos nombreux messages de soutien et de réconfort. Je pense contribuer à ouvrir des espaces de dialogue entre les personnes atteintes ou partageant des expériences similaires, et pour briser les tabous autour de la SLA. Là où le bât blesse, c’est lorsque ces influenceurs endossent des produits ou soutirent de l’argent pour leurs propres bénéfices. Attention, méfiance… Certains récits de maladies incurables, accompagnés de sollicitation à donner peuvent se révéler être une belle arnaque. Les principales motivations de ces influenceurs mythomanes sont la fraude et la volonté d’attirer l’attention et elles sont souvent bourrées de conseils peu éthiques. Aujourd’hui, n’importe qui peut parler de santé sur les réseaux, il suffit de créer un compte. On retrouve ainsi des influenceurs, sans formation médicale, qui tiennent des propos éloignés des données actuelles de la science. Je vous rassure chers lecteurs, j’ai bien la SLA et j’ai uniquement fait des levées de fonds pour la Société de la SLA du Québec.
Cela m’amène à vous parler d’une nouvelle mini-série inspirée de faits réels sur Netflix, « Apple Cider Vinegar ». On y raconte l’histoire d’une jeune influenceuse australienne qui est parvenue à duper ses abonnés et les médias en prétendant être atteinte d’un cancer et d’être guérie grâce à des recettes et autres méthodes naturelles. Elle livre des témoignages bouleversants relatant son combat contre un cancer présumé, expliquant avoir reçu un diagnostic de tumeur maligne au cerveau en phase terminale. Elle a alors commercialisé une application pour smartphone, « The Whole Party », ainsi qu’un livre.
« Je n’oublierai jamais quand je me suis retrouvée seule dans le bureau du médecin dans l’attente de mes résultats. Il m’a appelée et m’a dit : Vous avez une tumeur maligne au cerveau. Vous êtes en train de mourir. Il vous reste six semaines, quatre mois maximum. »
Son succès devient fulgurant. Son application est téléchargée 200 000 fois en un mois, Apple prévoit d’intégrer son application sur l’Apple Watch, elle fait la une de nombreux magazines, l’un d’entre eux la sacre « femme australienne de l’année ».
Elle leur annonce avoir deux nouvelles tumeurs, les informe sur l’évolution de la maladie et fait la promotion de médecines alternatives plus controversées comme la thérapie nutritionnelle Gerson, l’anti-vaccination et la consommation de lait cru non pasteurisé. Cependant, l’histoire de l’influenceuse commence à interroger les spécialistes. En 2015, la supercherie prend fin après une enquête menée par Richard Guilliat pour l’émission « 60 Minutes ». Belle Gibson avoue alors avoir menti dans les colonnes de « Weekly ». « Je ne veux pas qu’on me pardonne. Je pense simplement que [s’exprimer] était la chose responsable à faire. Par-dessus tout, j’aimerais que les gens se disent : “Ok, elle est humaine.” »
Son histoire est basée sur des mensonges. Elle a menti sur ses cancers, sur son âge, sur sa vie personnelle et sur les organismes de bienfaisance pour lesquels elle collectait des fonds. Ils assurent n’avoir jamais reçu d’argent, tout comme la famille d’un enfant atteint d’une tumeur au cerveau à qui elle avait promis des centaines de milliers de dollars. Certains de ses abonnés, qui étaient réellement malades, relatent quant à eux leur expérience, ces derniers ayant abandonné la médecine traditionnelle au profit des conseils livrés par cette mythomane.
Apple Cider Vinegar montre comment on peut se laisser entraîner dans une voie de charlatanisme dans le traitement du cancer. L’attrait de la médecine alternative est présenté de manière convaincante lorsqu’il est mis en contraste avec les réalités douloureuses du traitement traditionnel. Si les approches holistiques de nombreuses maladies peuvent être utiles lorsqu’elles sont combinées à un traitement traditionnel, Apple Cider Vinegar illustre à quel point il peut être toxique de « moraliser » la santé. La série utilise également régulièrement un langage qui est répandu dans les communautés de santé en ligne, comme la référence à certains aliments comme « bons » ou « toxiques ».
J’ai été témoin de personnes qui étaient prêtes à tout pour ne pas mourir. Elles étaient vulnérables et à la merci de ces gourous. J’ai vu une personne ingurgiter du bleu méthylène en grande quantité et une autre manger ses selles pensant que cela prolongerait sa vie. Pour certains, cela se transforme en quête : un changement de vie fulgurant, un nouveau régime alimentaire spartiate, une obsession de la pratique d’un sport quelconque, une fixation envers un gourou célèbre, une déferlante de produits naturels ou d’autres remèdes supposément miraculeux, ou encore un plongeon dans la spiritualité. Je vois régulièrement des posts m’invitant à essayer tels produits ou à tenter tel régime mais je fais fi de ces cures miracles et je préfère me concentrer sur mes p’tits bonheurs quotidiens.
Si vous voulez voir la vraie vidéo, voici les liens :
Chantal Lanthier
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