
Ce qui me manque le plus depuis 2013, c’est la possibilité de prendre les humains que j’aime dans mes bras et de leur faire une multitude de bisous. Je trouve très difficile de ne pas pouvoir donner en retour. Mes bras ne sont plus assez forts pour me permettre d’enlacer quelqu’un. Ils ne bougent pas plus haut que le coude et ma bouche n’arrive plus à former des becs. Ce sont mes muscles qui sont trop atrophiés. Imaginez-vous la scène : ceux que vous aimez se penchent vers vous pour vous faire un câlin et vous, en retour, restez impassibles. Comme je trouve ça difficile ! J’aimerais tant les étreindre moi aussi. Malheureusement cela m’est impossible.

Tous ces gestes a priori très banals : poser une main sur une amie, une simple main posée sur une épaule, se tenir par la main, se faire des câlins, se serrer dans les bras, toucher le genou, flatter le chat (moi ça me manque beaucoup), etc, ont un effet certain sur l’organisme et permettent au corps de se détendre. Ils sont également de grands vecteurs de bien-être. De nombreuses études soulignent l’importance du contact physique dans le développement, les relations et la lutte contre les maladies. Cette communication non verbale est indispensable pour se sentir bien et conserver des liens affectifs. Privés de câlins et de tendresse, la pandémie nous a fait réaliser combien cette notion est importante pour les humains que nous sommes.
Du moment où nous sommes dans le ventre de notre mère jusqu’à la vieillesse, le toucher joue un rôle primordial dans notre développement et notre bien-être physique et mental. De nouvelles études continuent de montrer l’importance du contact physique dans le développement précoce, la communication, les relations personnelles et la lutte contre la maladie. Le toucher aide à diminuer le taux de cortisol, l’hormone du stress, et à augmenter les cellules du système immunitaire. Avoir envie de serrer fort dans ses bras une personne qu’on aime possède un effet réel sur sa santé.

Pour entrer en relation, nous pouvons communiquer via les mots si nous parlons la même langue, mais le toucher est un langage vraiment universel. Peu importe où nous sommes dans le monde, nous pouvons toujours utiliser le toucher comme porte d’entrée. Ainsi, le toucher représente en soi une forme d’expression et de communication. Il est aussi la source et l’expression de sentiments profonds.
Par le contact via le toucher, nous pouvons tisser des liens affectifs plus facilement. Un toucher amical, bienveillant, stimule la production d’ocytocine, l’hormone de l’amour. Celle-ci favorise les liens sociaux et aide à construire des liens de confiance entre les êtres humains.
Plus les chercheurs se penchent sur le sujet, plus ils découvrent de bienfaits du toucher: réduction de l’angoisse, atténuation des douleurs, diminution de la pression artérielle, renforcement de l’estime de soi, stimulation du système immunitaire… Comment expliquer cela? Le contact physique active certains circuits nerveux via les récepteurs tactiles situés sous la peau. Puis, le stimulus est transformé par les terminaisons nerveuses en un signal qui est acheminé jusqu’au cerveau, via la moelle épinière et le tronc cérébral. C’est alors que nous réalisons l’effet procuré par le toucher.

Jocelyn me donne beaucoup d’amour et de tendresse. Il multiplie les gestes câlins à mon égard. Il me dit souvent qu’il ne peut s’empêcher de me toucher. Ses mains baladeuses font fi de ma résistance et c’est souvent avec fou rire que nous terminons ses caresses. Comme j’aimerais me coller contre lui et le caresser moi aussi. Malheureusement cela m’est impossible. Nous avons convenu, ensemble, de conserver une fois par semaine un moment où il me donne ma douche. Malgré mes aidantes qui pourraient le faire, c’est un instant intime et précieux où le toucher est prédominant. Nous tenons l’un comme l’autre à ce moment privilégié.
L’autre jour, frustrée de ne pas pouvoir faire de câlin à ma fille, j’ai demandé l’aide de Jocelyn. J’ai abaissé mon fauteuil roulant à son plus bas niveau. Jocelyn a écarté les pédaliers. J’ai demandé à Maya de se déplacer devant moi et Jocelyn a pris mes bras de façon à entourer ma grande et j’ai enfin pu la serrer dans mes bras. Première caresse depuis des années. Cela m’a rendue heureuse et nous avions tous les larmes aux yeux lorsque Jocelyn a relâché mes bras. Moment d’extase et de bonheur intense.

Une « Journée mondiale des câlins » a été lancée en 1986. Depuis, l’événement se fête tous les 21 janvier. Ce jour-là, chacun peut proposer d’offrir à des inconnus une accolade dans un lieu public, en signalant son intention au moyen d’une pancarte portant l’inscription « câlin gratuit ». Le câlin doit au moins durer vingt secondes pour que l’on en ressente les bienfaits c’est ce que les chercheurs en disent.
Bon câlin les amis !
Chantal Lanthier
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